Les Chevaliers d'Apollon

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Quand Napoléon III découvre un ordinateur

Voici un extrait de mon dernier roman : L'Escapade.

Mes héros font un voyage temporel dans le passé, mais la police de Napoléon III veille et leur confisque leur ordinateur...

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Napoléon III entra en trombe, ce qui était totalement contraire à son habitude.

— C’est l’objet ? s’écria-t-il en voyant le bloc métallique qui trônait sur le bureau du ministre.

— Oui, Votre Majesté, murmura timidement le chef de la Police, Persigny.

Louis-Napoléon lui fit signe de s’écarter, puis s’assit et se pencha avec grand intérêt sur l’ordinateur.

— Sait-on comment cela fonctionne ? demanda-t-il.

Il conservait toujours cet air détaché qui lui était naturel, mais pour une fois, ses yeux pâles pétillaient d’excitation. Lui qui avait toujours été fasciné par les sciences, sentait d’instinct qu’il y avait là quelque chose d’extraordinaire à découvrir.

— Non, Votre Majesté.

— Qu’est-ce que ce sigle ? demanda-t-il d’abord en désignant le dessin blanc qui se détachait du rectangle gris.

— Nous l’ignorons votre Majesté… continua Persigny du même ton penaud.

— Cela ressemble à une pomme, dit l’Empereur avec une petite moue : oui, une pomme dans laquelle quelqu’un aurait croqué…

Le ministre et le préfet se regardèrent d’un air perplexe. Jamais une telle idée ne leur serait venue à l’esprit.

— L’objet s’ouvre, Votre Majesté, dit le Ministre de la Police, Boittelle pour avoir l’air de savoir quelque chose. Mais ne soyez pas surpris…

Napoléon III ne se le fit pas dire deux fois et ouvrit la chose qui s’illumina, laissant apparaître la photo de Wolfgang et Maria en maillot de bain. Il resta un instant stupéfait, puis ne put s’empêcher de rire.

— On m’avait parlé d’un objet mystérieux et terrifiant. Je m’attendais vraiment à pire ! dit-il en s’esclaffant.

Puis, il observa quelques instants la photo avec une grande d’attention.

— Cette comtesse a vraiment beaucoup de qualités... murmura-t-il d’un air rêveur. Bon, à quoi cela peut-il servir ? demanda-t-il plus sérieusement en observant le clavier d’un air perplexe. C’est un objet électrique en tous cas… destiné à taper du texte, d’une manière ou d’une autre. Attendez ! Il y a là une inscription : « MacBook Air », c’est un « livre mac aérien », pour peu que cela veuille dire quelque chose… Eh, bien, il faut croire que les Anglais nous ont caché des découvertes scientifiques essentielles.

— Ou bien les Américains, votre Majesté. Regardez, sous l’objet.

Napoléon III retourna l’ordinateur.

— « Made in California ». En Californie ? Mais il n’y a que des sauvages et des chercheurs d’or dans cette région ! La civilisation n’est certainement pas parvenue jusque-là !

— Peut-être est-ce une autre ville qui porte ce nom… bredouilla Persigny. Mais il y a aussi autre chose, regardez…

L’Empereur fronça les sourcils. Et cette fois-ci, il resta totalement stupéfait.

— « Made in China ». Les Chinois ? Mais que viennent-il faire ici ?

Il jeta un regard interrogatif aux deux hommes qui haussèrent les épaules d’un air totalement désemparé. Il médita quelques instants.

— Nous venons justement de recevoir les premiers objets de la prise du Palais d’Été de Pékin. Est-ce que cela pourrait en faire partie ? Les Chinois seraient-il technologiquement plus avancés que nous le pensions ?

Tout en réfléchissant, Louis-Napoléon caressait doucement le clavier dont il trouvait le toucher plutôt soyeux.

L’écran s’anima soudain. Une petite flèche venait d’apparaître sur la photo. Il finit par se rendre compte qu’elle se déplaçait en fonction des mouvements de ses doigts sur le petit rectangle gris situé sous le clavier. Il en resta bouche bée et entreprit de s’entraîner à la faire bouger. Fasciné, il s’arrêta quelques instants en tapotant inconsciemment le petit carré. Tout à coup, une petite image ronde représentant ce qui ressemblait à une note de musique se mit alors à sautiller nerveusement sur l’écran. Puis, l’image des Schwangau disparut soudain pour céder la place à un écran couvert de textes divers.

Effrayés, les deux fonctionnaires de police bondirent instinctivement en arrière, observant l’objet avec une horreur grandissante. De son côté, plus intéressé qu’effrayé et constatant l’efficacité de sa manœuvre, Napoléon III tapota de nouveau. C’est alors que survint l’impossible : l’objet se mit à émettre de la musique.

Tout le monde sursauta et l’Empereur s’enfonça brusquement dans son siège, tandis que, posté à la porte d’entrée, un Angeli terrorisé conjurait à nouveau le mauvais sort.

Après quelques instants, le souverain se résolut à émettre un sourire, un peu crispé toutefois.

— Eh bien, c’est une boîte à musique, voilà tout ! dit-il d’un air qui se voulait enjoué.

Ils se regardèrent tous d’un air dubitatif. Une boîte à musique qui reproduisait le son de tout un orchestre… ?

L’Empereur écouta de nouveau quelques instants avec attention et murmura :

— Mais est-ce qu’on ne dirait pas…

— L’ouverture de Tannhäuser, Votre Majesté, murmura Persigny.

— C’est le complot ! Nous nous doutions qu’ils étaient tous deux de mèche ! s’exclama alors le chef de la Police, Boittelle…

L’Empereur haussa les sourcils.

— J’ignore où vous voyez un complot dans tout cela… Et si complot il y a, je crains qu’il ne dépasse désormais vos compétences.

Julia LE BRUN

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28/06/2024
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