Les Chevaliers d'Apollon

Les Chevaliers d'Apollon

Extrait : Halloween

Maria et son amant Wolfgang, chanteur d'opéra, font un pique-nique sur les bords du lac Starnberg... et tentent une fois de plus de donner un sens au mystérieux manuscrit que l'on vient de leur subtiliser suite à un épisode particulièrement violent... manuscrit qui semble avoir le pouvoir d'ouvrir des portes sur des mondes parallèles. Cette vieille partition contenait notamment, la phrase : "Quand la réunion annonce le temps noir."

Le puzzle se met progressivement en place. 

 

— Tu sais, j’ai repensé à notre dernière discussion avec Marsyas, commença Maria en s’asseyant en tailleur sur sa serviette.

— Vraiment ? Moi jamais ! répliqua son compagnon d’un ton ironique. Je me souviens vaguement avoir été menacé d’une arme à feu, pour m’obliger à déchiffrer un soi-disant message caché dans une vieille partition…

— Oui, celui-là, s’il existe, on aura du mal à le trouver désormais… répondit Maria très sérieusement.

— Si c’est vraiment de l’encre sympathique, oui, mais il y a quelque chose que je ne t’ai pas dit, ajouta Wolfgang avec un sourire. J’ai pris des clichés détaillés de toutes les feuilles.

— Génial ! Je n’y avais même pas pensé ! Cela vaut un bisou ! fit-elle en l’embrassant gentiment sur la joue. Mais ce que je voulais dire, c’est que j’ai fait à ce moment là une boutade sur les runes lunaires du Seigneur des Anneaux. Tu te souviens.

— Oui, je m’étais demandé alors comment tu pouvais être d’humeur à plaisanter.

— J’étais nerveuse, j’ai dit ce qui me passait par la tête. Bref, c’était plus précisément un extrait du Hobbit, du même Tolkien. Le roi elfe Elrond, (en fait c’est un semi-elfe mais je te passe les détails), arrive à lire des fameuses runes et découvre que la porte indiquée sur sa carte ne peut être ouverte qu’un certain jour, à une certaine heure. Je me suis dit que c’était peut-être la même chose pour notre porte à nous.

— Avec un indice écrit en runes lunaires, on est mal partis ! fit Wolfgang en levant les yeux au ciel et en sortant du même coup de sa glacière, un énorme morceau de lard fumé.

— Avec un indice bien plus précis : Quand la réunion annonce le temps noir.

— Tu as trouvé ce que cela voulait dire ? Aïe !

De surprise, le ténor venait de s’entailler le doigt avec son couteau suisse.

— Donne-moi ça !

Maria continua tout en entreprenant de taillader le lard avec le minuscule outil.

— J’ai découvert en effet que ce texte indique une date bien précise : Halloween, le trente-et-un octobre. 

Wolfgang ouvrit des yeux ronds.

— Nous avons importé des États-Unis une bien curieuse coutume consistant à se déguiser ce jour-là en mort-vivant, en squelette ou toute autre chose la plus morbide possible. Je ne vois pas trop le rapport, répondit-il.

— C’est normal, c’est la fête des morts. C’est une coutume que les Américains ont héritée des Anglais. Les chrétiens l’ont récupérée et l’on transformée en fête de la Toussaint, à l’occasion de laquelle on va déposer des fleurs sur la tombe de ses parents. Mais j’ai découvert qu’Halloween découlait en fait d’une fête celte, la fête de Samhain. Elle donnait d’ailleurs lieu à des rituels druidiques… Et, tiens toi bien, sais-tu ce que l’on célébrait réellement ce jour là ?

— Je t’écoute.

— Le passage d’une année à l’autre, et surtout, l’ouverture sur un autre monde celui des dieux, sur le Sid ! C’était pour eux le jour où la frontière entre le Sid et le monde réel est la plus fine. Du même coup, c’est également le jour où les vivants rencontrent les morts qui vivent dans le Sid, bref le jour idéal pour ouvrir une porte vers un autre monde.

Wolfgang secoua la tête et se mit à réfléchir.

— L’hypothèse est intéressante, mais qu’est-ce qui te fait croire que c’est bien de cette fête que parle le texte ?

Maria se redressa, posa les deux mains sur les genoux du chanteur et le regarda dans les yeux. Elle était fière de sa trouvaille.

— Tu sais ce que veut dire Samhain, en celte, en breton ou je ne sais quoi ? « Réunion ». Et cette fête ouvre une période où les vivants peuvent rencontrer les défunts que l’on appelait « le temps noir ». Tu saisis ?

Wolfgang sourit et lui prit les épaules.

Quand la réunion annonce le temps noir. Tu as gagné, je crois que ton argument est implacable.

— Donc, à la tombée de la nuit du trente-et-un octobre, nous allons à Brocéliande et nous ouvrons la porte vers l’Atlantide.

— Parfait, fit Wolfgang en s’allongeant. On va où et on fait quoi exactement ?

— On cherche de l’eau…

— Et ensuite ?

— On fait de la musique d’Apollon… Je crois qu’il va falloir que j’approfondisse encore quelques détails.

— Je crois aussi, fit Wolfgang en riant.

 

Julia Le Brun



31/10/2021
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